Informations sur la mission

Le podiatre en mission : Dr Thanh Liem Nguyen, podiatre et chef de la mission

Bénévoles en podiatrie :  Dr Duy François Tran, podiatre, Dre Lina Nguyen, podiatre, Dre Audrey Lessard, podiatre, Sandrine Matte (étudiante de 3e année, UQTR), Constance Deslauriers (étudiante de 4e année, UQTR), Van Dao (étudiante de 4e année, UQTR), Paul Bourcier (interprète en langue des signes)

Lieu de mission : Dong Nai, Maison Chance, Ho-Chi-Minh-Ville, Da Nang, Vietnam

Dates de travail : 25 décembre 2014 au 17 janvier 2015

Donateurs et commanditaires: Apocom Équipement Canada Ltée
, Clinique podiatrique Berri
, Clinique podiatrique de Laval, Clinique podiatrique de Lévis, DARCO International
, Distribution Favro
, Ortholab
, Pharmacie Minh Chau
, Podo-logic inc.
, Valeo Pharma (M. Nabil Maghraoui), les donateurs privés.

L’équipe composée de quatre podiatres, de trois étudiantes du programme de médecine podiatrique de l’UQTR et d’un interprète est revenue avec un sentiment de fierté et de mission accomplie.

De prime abord, il importe de souligner la générosité des bénévoles : chacun a défrayé en totalité les dépenses encourues, soit les frais reliés au transport, à l’hébergement et à la nourriture. En outre, chaque participant a consacré temps et énergie à la qualité de la mission.

Pour une population relativement démunie, les consultations et les traitements sont parfois onéreux. Compte tenu d’un salaire moyen d’environ 100$ par mois, les Vietnamiens n’ont pas nécessairement les moyens financiers pour consulter les médecins. Faute de diagnostic et de traitements adéquats, ils font leur propre autodiagnostic et se soignent avec des moyens homéopathiques. Ceux qui consultent les médecins s’attendent à obtenir des médicaments ou des injections, peu importe leur problème de santé. Un médecin qui ne fournit pas de médication ou ne donne pas d’injections n’est pas un bon médecin, selon ce qu’ils pensent. L’équipe a dû composer avec cette réalité, faire de l’éducation et s’adapter aux attentes et aux pratiques du pays hôte. En plus d’offrir des traitements qui procurent des soulagements à
moyen et à long terme, les bénévoles ont pu, à court terme, soulager les maux en offrant des comprimés anti-inflammatoires ainsi qu’en donnant des injections de cortisone.

Sur le plan organisationnel et fonctionnel, jusqu’à la toute dernière minute, l’équipe a dû s’adapter aux imprévus. Avant le départ de Montréal, il était entendu que les bénévoles traiteraient les patients à quatre endroits différents. Finalement, les interventions se sont concentrées dans trois lieux. En effet, à la dernière minute, le directeur administratif d’un hôpital n’a pas pu obtenir des autorités locales le permis de pratique pour les bénévoles. Nous avons quand même profité de l’occasion pour échanger avec la direction sur la possibilité d’une participation d’une autre équipe de bénévoles à la fin de l’année 2015.

Dans les trois sites de traitement au programme, les bénévoles ont pu évaluer et traiter gracieusement au moins 500 personnes.

 

Dong Nai

Tout d’abord, l’équipe a commencé la mission à Giao Xu Nghia Yen, Nhon Trach, Dong Nai, le village natal du fondateur de Podiatres sans frontières, Dr Thanh Liem Nguyen, podiatre. Ce village est situé à 30 kilomètres, au nord-est de Ho-Chi-Minh-Ville. Les quelque 4 000 habitants vivent d’agriculture (fermes et rizières) et d’élevage (porcs, bœufs, poulets, canards, etc.). Ils marchent souvent nu-pieds ou avec des flips flops. Étant donné qu’il n’y a pas de centre de santé, le curé du village a permis à l’équipe d’utiliser les salles de catéchèses, de les transformer en quatre salles de consultations et de traitements. Pour faire connaître la visite prochaine de notre équipe, deux semaines avant notre arrivée, à la fin de chaque messe dominicale, le curé a publicisé la mission médicale. De plus, au marché local, les villageois ont propagé la nouvelle auprès des gens des villages voisins. Ce qui a permis aux gens d’autres villages de profiter de nos traitements.

L’équipe a rencontré un peu plus de 350 personnes (dont 70 % des femmes) qui avaient des problèmes divers. Nous avons diagnostiqué une personne avec des larves migrans infectées, cinq cas de verrues plantaires, trois cas d’ongles incarnés. Les autres problèmes que nous avons traités sont principalement des fasciites plantaires, des tendinites, des bursites, des métatarsalgies, des névromes, de pieds plats, de l’arthrose, de l’arthrite secondaire à la goute, des pieds d’athlète, des ongles infectés de champignons, etc.

Maison Chance, Ho-Chi-Minh-Ville

La suite de notre mission s’est déroulée à la Maison Chance, située au 19A Duong so 1, Kp 9, Pho Binh Hung Hoa A, district Binh Tan, une organisation sans but lucratif fondée par madame Tim Aline Rebeau, une Suisse. À sa fondation, la maison Chance avait pour mission d’être un orphelinat. Au fil des ans, la Maison Chance est devenue un centre de réadaptation et de réinsertion sociale pour des personnes accidentées à faibles revenus ou des enfants de la rue. Nous y avons traité 80 patients dont la majorité vit avec des séquelles d’accident de moto ou de travail ou encore des patients qui subissent des séquelles de la poliomyélite. À la suite des accidents, beaucoup de ces usagers demeurent paraplégiques et se déplacent en fauteuil roulant. La majorité de nos interventions a été axée sur des évaluations et des recommandations quant à l’ergonomie des fauteuils roulants afin d’augmenter le confort et de prévenir les plaies de pression. De plus, le centre a une école primaire pour les enfants qui proviennent de milieux défavorisés. Nous avons consacré une journée complète à évaluer et à traiter les enfants. En gros, nous avons traité surtout des pieds plats et des tendinites. Nous avons également diagnostiqué un cas de verrues plantaires avancé qui nécessite des médicaments très efficaces. Étant donné que nous n’avions pas ce type de médicaments lors de cette mission, le patient devra malheureusement attendre la prochaine mission pour bénéficier de ce traitement.

 

Da Nang, centre du Vietnam

Pour terminer notre séjour humanitaire au Vietnam, l’équipe s’est dirigée vers Da Nang où se situe l’hôpital Orthopédique et de réadaptation. Nous avons traité 70 personnes dont des personnes âgées, des adultes et des enfants. Nous avons traité notamment des plaies chroniques, avons évalué de la dysplasie de la hanche et des pieds bots chez les enfants. Nous avons évalué un enfant de 17 mois et l’avons référé à un hôpital pédiatrique à Ho-Chi -Minh pour une évaluation plus poussée de sa condition neurologique. À 17 mois, l’enfant ne peut pas se tenir debout, n’a pas de force ni de tonus musculaire. En plus de l’absence d’un affect approprié, l’enfant n’a pas les réflexes habituels des enfants de son groupe d’âge.

Pour les différents traitements, l’équipe a fait preuve d’imagination et d’innovation. Étant donné que les Vietnamiens marchent habituellement avec des flips-flops, pour traiter des tendinites, des bursites, des névromes et des métatarsalgies, l’équipe a dû coller des supports d’arche aux flips-flops. Outre des orthèses et des supports d’arche, les podiatres ont aussi fait des opérations d’ongles incarnés. Ces opérations consistent à une ablation d’une lanière de l’ongle, la partie qui pénètre dans la peau, à tuer les cellules génératrices de cette lanière à la racine de l’ongle afin d’éviter que cette partie ne repousse dans le futur et, par le fait même, cela soulage l’inconfort de façon permanente. Pour ce qui est du traitement des problèmes reliés aux champignons (peau et ongles), les patients ont obtenu des crèmes antifongiques et des crèmes de cortisone.

Outre les chirurgies et les traitements, l’équipe a mis l’emphase sur la prévention et la promotion quant au port des souliers adéquats pour éviter les affections aux pieds. De plus, à la Maison Chance, compte tenu de ses connaissances et de son expérience antérieure en soins infirmiers, le Dr Thanh Liem Nguyen, podiatre, a donné aux employés du centre qui procèdent aux déplacements des usagers une formation sur les déplacements sécuritaires des bénéficiaires.

Podiatres sans frontières tient à remercier les bénévoles, les hôtes et les commanditaires pour leur générosité. Sans eux, une telle mission n’aurait pas eu lieu et les Vietnamiens rencontrés n’auraient pas obtenu des traitements adéquats pour leur problème de santé.